Lois WEBER ou la pionnière du cinéma américain

Ce second article est consacré à la première femme à avoir réalisé un long métrage aux Etats-Unis. Lois WEBER (1879-1939).

Lois Weber, la réalisatrice sacrifiée par Hollywood
Lois Weber, la réalisatrice sacrifiée par Hollywood © openculture

C’est dans les années 1910 que Lois WEBER arrive à Los Angeles, dans le quartier d’Hollywood avec Phillips SMALLEY, son mari depuis 1904. Ce dernier étant acteur et réalisateur de court métrage.

Alice ne résiste pas longtemps au charme de la profession de son mari. Elle commence donc une carrière de cinéaste dès 1905, à l’âge de 26 ans. Elle fait très vite la connaissance de Alice GUY, notre réalisatrice nationale, pionnière du septième art. C’est sur les conseils de cette dernière ainsi que ceux de son mari que Lois peut réaliser son premier court métrage en 1911. C'est un documentaire sur le général Washington. C’est en réalisant son film Le marchand de Venise trois ans plus tard, en 1914, que Lois devient officiellement la première personne à avoir réalisé un long métrage dans le monde du cinéma.

Notre réalisatrice se fait remarquer dans un premier temps en 1915 lorsqu’elle sort son film : The Hypocrites. Nous voici avec la première apparition d’une femme entièrement nue au cinéma. Ce film nous raconte l’hypocrisie qui existe entre la prohibition de la sexualité libre par l’Eglise et les tendances de cette dernière à pratiquer ladite sexualité loin des regards de la société. Notons la présence dans ce film de l’actrice Margaret EDWARDS, qui fut donc la première femme à avoir joué une scène de nu dans le cinéma.

Mais c’est l’année 1916 qui va tout changer pour Lois WEBER. Tout d’abord, son talent est repéré par le directeur d’Universal Studio, qui la nomme "Maire d’Universal". Se concentrant désormais sur la réalisation de films portant sur des sujets qui lui tiennent à cœur, notre réalisatrice soulève plusieurs fois la réflexion sur la place des femmes dans la société américaine de son temps. Son film Where are my children ? est une remise en question évidente du droit à l’avortement. La même année, elle sort son film Shoes qui raconte l’histoire d’une jeune vendeuse n’ayant d’autre choix que de se prostituer afin d’obtenir une paire de chaussure qu’elle affectionne particulièrement (Petite parenthèse culture : c’est à travers deux rôles principaux joués dans ces derniers films que la grande actrice américaine Mary MacLaren s’est fait connaître).

Lois Weber - Shoes
Lois Weber - Shoes

Afin d’illustrer au mieux notre propos, nous pouvons citer d'autres films de Lois WEBER, comme : What do men want ? ou encore The marriage clause. Des films nous présentant, chacun à leurs façons, le mal-être inscrit dans le quotidien des femmes de cette société américaine.

What do men want ? est un film sorti en 1921 et produit par Lois WEBER. Ce dernier nous raconte l’histoire de Frank, un homme typique de son temps qui souhaite devenir un inventeur célèbre. Très rapidement dans l’histoire, il souhaite se marier avec son amie d’enfance Hallie. Sans prendre le temps de profiter de son mariage, Frank décide d’avoir des enfants. Ensuite, une fois que l’invention de notre personnage principal lui confère une célébrité sur la scène internationale, il entreprend une relation extraconjugale, en se persuadant lui-même que Hallie fait de même. Puis se lassant de sa nouvelle relation, il souhaite revenir auprès de Hallie qui elle, est restée fidèle à son mari. Mais enfin, que veulent les hommes bon sang ?

Lois Weber - What do men want ?
Lois Weber - What do men want ?

The marriage clause, est un film sorti en 1926, toujours produit par Lois WEBER juste après son divorce avec Phillips SMALLEY. Ce film nous raconte l’histoire de Sylvia, une jeune actrice qui tombe amoureuse de son producteur Townsend. Cependant, il existe une clause dans un contrat qu'ont signé les deux protagonistes qui stipule qu’ils ont interdiction de se marier pendant 3 ans, soit tant que le projet entre les deux professionnels ne soit terminé. Dans un univers professionnel et dans une société où le bouche à oreille et les ragots circulent rapidement. Sylvie est contrainte de retenir son désir alors que Townsend se laisse aller dans les bras d’une autre. De retour à la réalité, nous pouvons aisément imaginer ce que cette “clause” signifie dans la vie de Lois ainsi que dans celle de beaucoup de femmes de cette époque.

Lois Weber - The marriage clause
Lois Weber - The marriage clause

Lois WEBER est frappée par la crise de 1929 et par l’élévation des grandes entreprises de cinéma déjà dites “Hollywoodiennes”. Les petites sociétés de cinéma du début du XXe siècle étaient en majorité dirigées par des femmes, des juifs ou tout autres marginaux du monde du travail pour diverses raisons. Le cinéma est apparu aussi brusquement que l’a été internet au début des années 2000. N’importe qui pouvait prétendre à exercer ce métier à partir du moment où il a une caméra cinématographique.

Lorsque les petites industries du cinéma ont mis la clef sous la porte, la majorité des femmes ont pu garder leur place dans le monde du cinéma, très souvent pour apprendre aux hommes les bases de cet art qu’elles ont créé. Une fois que les directeurs et employés des grandes sociétés hollywoodiennes ont appris à faire du cinéma, les femmes ont été définitivement écartées des grands postes de l’industrie cinématographique. Le seul moment où le monde du cinéma a compté plus de femmes que d’hommes parmi les acteurs, réalisateurs, scénaristes et tout autre cinéastes, c’est dans les années antérieures à 1930.

Depuis, cette année charnière, on a toujours été très loin d’atteindre une parité parfaite dans ce milieu. Quand je parle de parité, l’objectif n’est pas de restreindre les opportunités professionnelles aux hommes, mais plutôt de les ouvrir davantage aux femmes.

On n’a malheureusement qu’une très brève idée de la vie privée de Lois WEBER. L’Histoire nous a laissé de “La réalisatrice aux 300 films” qu’une petite trentaine de ses œuvres, les autres ayant été perdues, volées ou détruites. De plus, le recueil original de ses mémoires reste introuvable.. Incinérée en 1939, nous ne savons également pas où sont entreposées ses cendres.

Par CAUJOLLE Jordan.

Vous avez aimé cet article ? Devenez mécène sur tipeee m’aide beaucoup.

Aldjia ART au féminin le podcast

Bonjour je suis Aldjia créatrice et animatrice de ce podcast. Je suis également l'autrice de ce blog, ravie de vous rencontrer !

Autres articles


DOMINIQUE LIQUOIS en quelques questions
SONIA DELAUNAY : La vie et l’art coloré d’une magique magicienne !