Marion Rubellin, racontez-nous votre histoire, votre parcours, vos attentes ?
Je m’appelle Marion, je suis née en France et j’ai passé une grande partie de ma vie à Lyon avant de m’installer à Bruxelles il y a 2 ans et demi. J’ai grandi dans une famille remplie d’amour et de personnalités fortes ! Ma famille m’a apporté une force de vivre inestimable qui m’anime au quotidien. J’ai fait des études en « Aménagement du territoire et développement durable », avec l’ambition de travailler sur des projets d’urbanisme transitoire.
En arrivant à Bruxelles j’ai rapidement trouvé du travail dans un secteur en lien avec mes études, mais après un an dans le poste que j’occupais j’ai eu besoin de changement. C’est à ce moment-là que Sanlēmo est né ! Le virage vers l’épanouissement !
J’attends l’émotion qui me fait vibrer, tous les jours !
Vous êtes la fondatrice de Sanlēmo, une galerie et maison d'éditions bruxelloise consacrée à la diffusion de travaux artistiques et graphiques. Racontez-nous l'histoire ?
À Lyon j’avais fondé et travaillé dans une association consacrée aux arts urbains, et je m’occupais de la programmation artistique. J’ai adoré rencontrer les artistes, découvrir leur travail et en parler ensuite au public. Je me sentais à ma place dans ce rôle. J’ai eu envie de retrouver ce contact à Bruxelles mais avec un projet plus personnel.
Depuis longtemps je suis assez touchée par le dessin et la peinture, et je me suis naturellement intéressée au milieu de l’illustration qui est foisonnant et stimulant ! J’ai eu envie de vendre des impressions dites « artisanales » d’artistes indépendants, et Sanlēmo est né petit à petit, avec la rencontre entre l’illustrateur.trice, l’imprimeur et moi ! C’est un vrai trio finalement.
La maison d’édition est arrivée plus récemment avec l’aide de Mariia Timofeeva, illustratrice et graphiste. Nous avons rassemblé nos forces pour créer une revue littéraire et illustrée et nous espérons publier 2 numéros par an.
Vous avez en parallèle lancé une revue littéraire et illustrée qui porte le nom de l'Attente. Que pouvez-vous nous dire de cette revue ?
Tout à fait, avec Mariia ! La revue est sortie le 1er Mai à la Librairie Novembre (Bruxelles) et nous sommes très fières du résultat. On avait très envie de travailler main dans la main sur un projet d’édition collective. On avait déjà pensé au thème de l’Attente en réponse à un appel à projet qui n’a finalement pas abouti, et c’est venu comme une évidence pour nous qu’il fallait utiliser ce thème pour un autre projet.
Après quelques réflexions on était assez convaincues que le format « revue » avec l’idée d’avoir un thème différent à chaque numéro, allait fonctionner parfaitement avec nos envies. On a proposé à des femmes de participer, et comme nous ne voulions pas une revue 100% composée d’artistes, on a ouvert la participation et interrogé des femmes de tout horizon, notamment Stéphanie Bodet, ancienne championne du monde d’escalade. L’unique condition était de s’exprimer sur le thème de l’attente.
Vous dites que pour le premier numéro, c'est les femmes qui sont à l'honneur. Vous avez invité 15 femmes s'exprimer sur le thème universel de l'Attente à travers l'écriture, l'illustration et la photographie. Pourquoi des femmes ? Racontez-nous l'histoire et les travaux de ces femmes ?
Avec Sanlémo, de manière générale, je travaille principalement avec des femmes sur des projets d’impressions. Ce n’était pas une ligne directive imposée mais c’est venu naturellement. J’ai une connexion qui se fait plus facilement avec les femmes, c’est parfois alchimique, et je ne sais pas l’expliquer ! C’est mieux de ne pas chercher à l’expliquer d’ailleurs. Pour autant, je ne choisis absolument pas les collaborations en fonction du genre de la personne, au contraire je suis ouverte à toute proposition.
Pour la revue « L’Attente » c’était tout à fait volontaire de travailler avec des femmes. Avec Mariia on avait envie d’un projet collectif porté par des femmes (nous) et qui donnent la parole aux femmes. On a proposé à des illustratrices qu’on adore: MDangelo, Célia Housset, Héloïse Démont, Laura Simonati. Et puis on voulait inviter des personnes proches de nous, moins « visibles » sur les réseaux sociaux mais talentueuses et inspirantes : Fanny Rezig et Titanne Bregentzer (photographes), Stéphanie Bodet (grimpeuse et écrivaine), Alix Van Ripatto (musicienne) et je pourrai en parler plus longuement car elles sont toutes incroyables.
Une femme chère à mon cœur qui a participé à ce projet est ma mère, Sylvie. Elle nous a proposé un superbe texte sur l’attente, et c’était évident pour moi qu’elle fasse partie de ce projet après toute la force et le soutien qu’elle m’a transmis et continue encore à me transmettre aujourd’hui.
Que pensez-vous de la place des femmes artistes dans le monde de l'art ?
Dans les arts plastiques c’est assez clair et connu que l’Histoire de l’art a mis en avant le travail d’hommes et que les femmes peintres ont été largement oubliées ou même effacées. D’ailleurs, faites l’exercice et demandez à vos proches « quel est ton artiste peintre préféré.e ? » combien vont citer des femmes ? Et ce n’est pas de leur faute, même si c’est tout de même pas très sympa de la part des historiens (et historiennes ?).
Maintenant il faut se dire qu’on sait cela et qu’on a la possibilité de changer les choses, ça commence par emmener les enfants voir des expositions de femmes, et pas toujours les mêmes rétrospectives de Klimt, Monet ou Van Gogh. Et je cite ces peintres tout en les adorant, mais c’est un vrai devoir que d’ouvrir son spectre et découvrir d’autres artistes, femmes de préférence !
Quels sont les futurs projets de Sanlēmo ?
Il faudra attendre la fin de l’été mais il y a de belles choses à venir… D ’abord un recueil de poésies illustrées avec le duo Bleu Poire, édité par Sanlémo !
Puis l’impression d’une sérigraphie tirée d’une peinture d’un Lyonnais que j’admire beaucoup qui s’appelle Mathieu Lquel.