AGNÈS VARDA : Pionnière de la Nouvelle Vague, le renouveau du cinéma au milieu du XXe siècle

Agnès VARDA est une cinéaste que j’apprécie particulièrement. Sa famille a fui la Belgique pendant la seconde guerre mondiale pour se réfugier en 1940 dans la même ville qui m’a vu naître 56 ans plus tard, à Sète, dans l’Hérault (34). J'ai eu la chance de la rencontrer en novembre 2005, alors que je n’avais que 9 ans, car une école maternelle de ma ville natale fut renommée au nom de Agnès VARDA. Même si les souvenirs sont un peu flous aujourd’hui, cette rencontre m’a quand même marqué. Je me souviens d’une dame assez petite et très âgée. Mais c’est son visage qui m’a le plus touchée. Chaque ride était une marque de l’experience de cette femme. Tout ce qu’elle avait vu était gravé sur les bords de ses yeux, tout ce qu’elle a pu dire était gravé sur ses lèvres et tous les sourires qu’elle avait donnés étaient encore incrustés sur ses pommettes. C’était la première fois pour moi que je croisais une personne rayonnante d’une si forte sagesse !

Agnès Varda
Agnès Varda

Agnès VARDA est donc née en Belgique en 1928. Après avoir rejoint la ville de Sète avec ses parents en 1940, elle se rend sur Paris pour y passer son baccalauréat et, par la suite, pour étudier la photographie à l’école des beaux-arts du Louvres. Son talent est très rapidement repéré par les Galeries LAFAYETTE et la SNCF qui l'engagent comme photographe pour leur société au début des années 1950.

Membre de “La nouvelle Vague”

C’est en 1954 qu’elle commence une carrière de cinéaste avec son film La Pointe Courte, nom éponyme d’un quartier de Sète, avec Silvia MONFORT et Philippe NOIRET jouant les rôles principaux. Ce premier long métrage met en avant le beau quartier sétois à travers plusieurs plans magnifiquement bien cadrés.

Ce film permet à Agnès d’être reconnue à part entière comme une membre fondatrice de “la Nouvelle Vague”. Cette expression est née dans la presse française à la toute fin des années 1950. Elle désigne en tout et pour tout les films présentés au festival de Cannes de 1959. En effet, c’est à cette époque que plusieurs techniques cinématographiques sont redécouvertes ou revisitées. Les plans sont plus mobiles, la couleur remplace lentement et progressivement le noir et blanc (les premières pellicules de couleurs sont crées en 1928 par l’entreprise américaine Technicolor) et l’apparition des “Films-documentaires” plait à un large public.

Agnès Varda - La pointe courte - Film
Agnès Varda - La pointe courte - Film

Tout le savoir faire de VARDA en ce qui concerne le mouvement de la Nouvelle Vague se trouve dans son film Le bonheur, sorti en 1965. En soi, ce film n’a rien d’exceptionnel. Il raconte la très heureuse vie d’un homme marié lambda des années 1960, qui partage sa vie avec une femme en plus que sa femme actuelle. Le tout dans la joie et la bonne humeur.

Tout d’abord ce film se détache de plusieurs autres grands films sortis à la même époque (Nazarin de Luis BUNUEL ou encore Ni vu... ni connu... de Yves ROBERT avec Louis de FUNÈS comme acteur, pour ne citer qu’eux) car Le bonheur est un film en couleur, donc vu comme étant “révolutionnaire” pour l’époque.

De plus, cette vision très libre et joyeuse d’un homme partageant sa vie avec deux femmes fait pleinement écho à cette révolution et libération des mœurs et pensées, que l’on nommera 3 ans plus tard, le mouvement hippie.

A travers ce résumé, on peut comprendre on ne peut mieux ce que représentait ce film pour cette époque : "L'avenir".

Agnès Varda - Le Bonheur - Film
Agnès Varda - Le Bonheur - Film

Et justement ! Dès 1968, Agnès VARDA se retrouve aux Etats-Unis dans le but d’améliorer et de concrétiser son talent de cinéaste. Elle y rencontre moultes célébrités sur place, comme l’acteur Harrison FORD, qui se fait prendre le portrait sur de courtes vidéos afin de promouvoir son image dans le milieu hollywoodien, ou encore le chanteur du groupe des Doors Jim MORRISON, avec qui elle se lie d’une forte amitié.

Son talent se concrétise effectivement avec la sortie de Lions Love en 1970 avec comme acteur le grand Richard BRIGHT.

Agnès VARDA et son combat féministe

Agnès VARDA apparaît parmi les membres signataires du manifeste des 343 en 1971 avec Delphine SEYRIG, actrice avec qui elle a réalisé son film Mon corps à moi un an plus tard.

Pour rappel, ce manifeste a été signé par 343 femmes, déclarant que toutes les signataires ont déjà avorté (la loi Veil n’existait pas encore).

Agnès Varda - L'une chante l'autre pas - Film
Agnès Varda - L'une chante l'autre pas - Film

L’une chante l’autre pas est un film sorti en 1977 avec Thérèse LIOTARD et Valérie MAIRESSE dans les rôles principaux. Et c’est au passage mon film préféré de notre artiste du jour !

Pauline est une jeune étudiante de 17 ans qui souhaite devenir chanteuse. Sa meilleure amie tombe enceinte et souhaite avorter. Sauf que le film se déroule en 1972, donc ce dernier est illégal. Grâce à un mensonge bien tissé, Pauline arrive à soutirer de l’argent à ses parents pour aider son amie à avorter. Cependant, lesdits parents remarquent la supercherie et Pauline décide de fuir la maison familiale pour commencer une carrière de chanteuse. Les deux protagonistes se retrouvent par hasard en 1972 devant le tribunal de Bobigny lors du procès éponyme défendu par Gisèle HALIMI, jouant son propre rôle dans le film.

Je recommande ce film à tous les lecteurs de cet article ! Une fois qu’on a pu se remettre dans le contexte des années 1970 en France, on comprend à quel point ce dernier est révolutionnaire pour son temps une nouvelle fois.

Agnès Varda - Sans toit ni loi - Film
Agnès Varda - Sans toit ni loi - Film

Mon second film préféré de Agnès VARDA est Sans toit ni loi sorti en 1985. Il raconte l’histoire d’une jeune fille prénommée Simone ayant été retrouvée dès son plus jeune âge, abandonnée au sol, entre deux cyprès. Elle fait la rencontre de plusieurs personnes dans sa jeune vie. Tout d’abord ses nouveaux parents, puis un routard, un philosophe, une dame âgée et même des marginaux.

C’est ces derniers qu’elle décide de suivre, envoûtée par une vie très simple et en apparence joyeuse car les drogues et l’alcool sont monnaie courante dans son nouveau cercle d’amis. Et on suit Simone dans sa vie quotidienne où elle doit à la fois survivre et se préoccuper de sa sécurité ainsi que de son confort au milieu d’une vie faite de précarité.

À ce titre, il existe une compilation des paroles de Agnès VARDA au sujet du féminisme à la télévision, que vous pouvez retrouver ici.

Il ne serait pas pertinent de faire la longue liste des fabuleux films d’Agnès VARDA ici. Dès la fin des années 1980, cette grande réalisatrice n’avait déjà plus rien à prouver au monde, elle avait déjà tant fait pour le VIIe art ! Et pourtant, elle a continué à réaliser des films et des documentaires jusqu’au bout de sa vie.

Elle a fait partie des membres du jury des longs métrages du festival de Cannes en 2005, celui de la Caméra d’or en 2013. Elle reçoit aussi en 2009 le prix Henri-Langlois, en hommage à l’ensemble de sa carrière. De plus, en 2017, le festival de Cannes lui délivre un Oscar d’honneur, afin de rendre le même hommage que le précédent.

Le talent de Agnès est si fabuleux, qu’elle a reçu ces derniers prix alors que sa carrière n’était pas terminée ! Seule la nature a eu raison de notre artiste nationale si puissante, le 29 mars 2019, il y a tout juste 2 ans ... Reposez en paix (coeur).

Son film autobiographique Varda par Agnès retrace toute l’histoire d’Agnès, par Agnès.

À vous, pionnière du mouvement de “la Nouvelle Vague”, à vous qui avez été une idole pour tant de personnes, des artistes, des cinéastes, des militant.e.s féministes !

Un grand merci !

Par CAUJOLLE Jordan

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