« Je suis tellement conditionnée à ne pas me battre. »
« Ma tante me disait : Tu es une jolie fille, tu vas bien t’en sortir. »
« J’ai des idées très claires sur ce qu’un homme doit être et j’ai essayé de les transmettre à mon fils, mais la raison pour laquelle je ne voulais pas avoir de fille, c’est que je ne savais pas ce que j’aurais voulu lui enseigner sur le fait d’être une femme. Je lui ai dit qu’il pouvait être fort, et il devrait être intelligent. Je ne sais pas si elle devrait être forte. Je ne sais pas si ce serait une bonne chose de lui dire cela ou non. Les hommes me disent « tu es si forte ». Je pense qu’avec mon mari si je n’avais pas été si sacrément forte, il aurait été plus fort. »
Ces mots qui, accompagnent les photographies de l’artiste Abigail Heyman, sont des déclarations de la photographe, ainsi que quelques-unes de ses amies et connaissances.
Growing Up Female
C’est en 1974 que Abigail Heyman publie : « Growing Up Female - A personal photo - Journal (Devenir Femme : Un photo-journal personnel) ».
Pour ce premier livre, il est question de mettre en avant son « point de vue féministe », en proposant une sélection de photographies représentant des femmes dans leurs quotidiens. À travers ses photographies, nous pouvons y voir des femmes au foyer, des trip-teaseuses, ou encore Abigail Heyman se faire avorter.
La photographe, donne encore plus de force à son ouvrage, en décidant d’inclure des commentaires écrits à la main. Ce sont des déclarations de la photographe et certaines de ses amies et connaissances.
Dans une Amérique des années 70, et où le mouvement féministe de par la libération des mœurs est en pleine montée, l’artiste photographe prouve que « l’intime est politique ».
L’ouvrage rencontre un réel succès en se vendant à plus de 35 000 exemplaires. De nombreuses femmes se sont identifiés à ces histoires racontées par Abigail Heyman.
« I have photographed the problems and the strengths of women. Some have suggested that I photograph the solutions. I don't know the solutions." - Abigail Heyman
"I have been a girl child and, in my expectations, a mother. I have tried to be prettier than I am. I have been treated as a sex object, and at times I have encouraged that. I have been married and have seen my husband's work as more important than my own. » - Abigail Heyman
Qui est Abigail Heyman ?
La photographe, photo journaliste et éducatrice Abigail Hayman, vient au monde en 1942 à Danbury (Connecticut).
Après l’obtention de son diplôme universitaire en 1964, elle développe un certain intérêt pour la photographie, qu’elle décide d’explorer en fréquentant certains ateliers afin d’y acquérir les bases du métier.
Elle expose pour la première fois ses clichés en 1972, à New-York. Elle signe ainsi, le début de sa carrière photographique.
Deux ans après sa première exposition, Abigail Heyman se lance dans la composition de son premier ouvrage. Un essai intitulé : « Growing-Up Female - A personal Photo-Journal ». C'est un succès !
Cette même année, Abigail Heyman est invité à rejoindre le collectif « Magnum photos ». Elle est la première femme à y faire partie. Elle y sera active de 1974 à 1981.
En plus de voir ses travaux être publiés dans des médias tels que le, Time, Life, ou encore le NY Times … Heyman, travaille en parallèle sur ses futurs ouvrages : « Butcher, Baker, Cabinetmaker » publié en 1978 et « Dreams and Schemes : Love and Mariage in Modern Times » publié en 1987.
En 1981, elle quitte le collectif « Magnum photos » et participe à la fondation de « Archives Pictures » (agence coopérative internationale à NY), avant de rejoindre en 90 l’International Center of Photography de New-York en tant que directrice du département documentaire et photo journalisme.
Abigail Heyman, décède en 2013, laissant derrière elle plusieurs de ses travaux féministes pour lesquels elle a travaillé, une bonne partie de sa vie.
Ses photographies sont aujourd’hui, conservées au Mana Contemporary (Jersey City). Son travail a été exposé en France en 2019, lors de l’exposition aux Rencontres de Arles.
Lire aussi
4 Livres à consulter à la bibliothèque de l’institut pour la photographie