Eva Gonzalès : « Une loge aux Italiens »

L'œuvre "Une loge aux Italiens" d'Eva Gonzalès, pièce maîtresse de son répertoire artistique, témoigne du talent et la capacité à aller au-delà des conventions de l'époque. Créée en 1874, cette huile sur toile offre une fenêtre ouverte sur l’apprentissage de la vie sociale et artistique du XIXe siècle, tout en témoignant du regard singulier qu’avait d’Eva Gonzalès.

Eva Gonzalès - Une loge aux Italiens - vers 1874
Eva Gonzalès - Une loge aux Italiens - vers 1874

Contexte historique et artistique :

1874, année de la réalisation de cette huile sur toile, est une année qui se situe au cœur du mouvement impressionniste en France. C'est également l'année de la première exposition du groupe impressionniste, marquant une période d'effervescence artistique et de contestation des normes établies. L’artiste Eva Gonzalès, bien que liée à l'impressionnisme par ses relations artistiques, a choisi de rester en marge de ces expositions indépendantes, préférant le Salon officiel.

"Une loge aux Italiens" reflète donc par la même occasion cette dualité. Bien que ses sujets et son style puissent évoquer l'impressionnisme, Eva Gonzalès reste fidèle à la voie traditionnelle du Salon officiel, à l'instar de son mentor Édouard Manet. Eva Gonzalès, lumière sur une pionnière impressionniste.

Description de l'œuvre :

La toile actuellement exposée au musée d’Orsay, à Paris, mesure 98 × 130 cm, représente une scène mondaine dans une loge du théâtre des Italiens à Paris. L'utilisation subtile de la lumière et de la couleur crée une atmosphère intimiste, capturant ainsi l'instantanéité d'une soirée théâtrale.

Au premier plan, une femme. Il s’agit de Jeanne constance Philippe Gonzalès, connue sous son nom d’épouse Jeanne Guérard Gonzalés. Assise dans la loge, totalement absorbée voir même transportée par la représentation. Son visage éclairé par la lueur de la scène, met en relief son expression captivée.

A ses coté et de profil, un homme. C’est Henri Guérard (peintre, graveur, lithographe et imprimeur). 

Henri Guérard épousera Eva Gonzalès en 1879, soit cinq ans après la réalisation de cette oeuvre. Puis épousera sa belle soeur Jeanne, en 1888, cinq ans après le décès d’Eva.

« … Cette "Loge aux Italiens" est un beau tableau d’amour conjugal étrangement prémonitoire : Eva a peint l’homme qu’elle épousera cinq ans plus tard et dont elle est peut-être déjà amoureuse; ce couple fictionnel de Jeanne avec Henri est celui qu’ils formeront dans la réalité quelques années après la mort d’Eva, paisible, harmonieux, durable. » - Élisabeth Jacquet - Eva Gonzalès, rencontre avec une jeune femme moderne - L’Atelier Contemporain.

Cette oeuvre, bien que représentant l’individualité artistique de son auteure, témoigne aussi de l’influence de Manet sur Eva Gonzalès. Il y a en effet l’utilisation judicieuse de la couleur et de la lumière. Mais aussi, ce bouquet de fleurs posé sur le rebord de la loge. Il fait référence au bouquet offert à Olympia (Manet, 1863).

Edouard Manet - Olympia - 1863
Edouard Manet - Olympia - 1863

Héritage et reconsidération:

Dans un premier temps refusée dans sa première version au Salon de 1874, puis exposée au Salon de 1879,  « Une loge aux Italiens »  révèle la fascination d’Eva Gonzalès pour la vie sociale de son époque et sa volonté de capturer la beauté éphémère des moments ordinaires. 

Un héritage artistique riche en subtilité et en observation sociale. Méritant une reconsidération du travail de l’artiste.

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