Le 14 novembre 1885, c’est la date de naissance de Sophie Stern (Sarah Illinichtna Stern). Nous sommes en Ukraine, plus précisément à Gradizhsk.
« A l’époque, tous ceux qui connaissent l’enfant la nomment Sofia - donc Sonia - Terk. Le double nom restera jusqu’à la fin. A sa mort, a 94 ans, elle reste née Sarah Stern, mais ses premiers tableaux seront signés Sofia (ou Sophie, ou Sonia) Terk jusqu’au moment ou elle deviendra, pour toujours Sonia Delaunay » Passage du livre : Sonia Delaunay par Dominique Desanti
Son oncle maternel Henri Terk, souhaite l’adopter. Sa mère refuse l’adoption dans un premier temps puis finie par accepter. C’est ainsi que l’enfant prend le nom de cet oncle.
Ce dernier est avocat a Saint-Petersbourg, il lui permet de voyager. Ainsi elle découvre la Finlande, la Suisse, l’Italie, et l’Allemagne. Et attise la curiosité de Sonia pour l’art.
En 1898, Sonia a 14 ans et un ami, le peintre Max Liebermann lui offre sa première boite de couleurs. Sonia dessine et peint. Le déclenchement d’une vocation ?
Des rencontres encouragent Sonia a s’installer a Paris. Pressée par des missives presque quotidiennes, Sonia arrive a convaincre les Terk.
C’est en 1905, que Mademoiselle Sophie Terk prend le train pour Paris. Elle a a peine 20 ans et suit les cours de l’académie de la Palette à Montparnasse.
Mais Sonia préfère s’en écarter. Voila donc la jeune femme parisienne d écidée a étudier par elle-même. Avec une amie, elle sous-loue un atelier et découvre l’art d’autres artistes. Elle souhaite découvrir de nouvelles techniques. Tout la passionne. Notamment : Le Fauvisme.
D’ailleurs son premier tableau est : « Philomène » une huile sur toile 92 x 54,5cm (1907)
« Sonia travaille avec acharnement, affirme son nouveau style. Le portrait de philomène, la couturière a le visage cerné, le creux de la pommette, le nez soulignés avec des bleu-vert, des rouges, qui se retrouvent dans les fleurs énormes du papier mural, et le corsage rouge souligné de noir … après les dessins, les esquisses, les longues préparations elle reprend comme Gauguin, les contours de Philomène, en y étant certaines des techniques de Van Gogh ». Passage du livre : Sonia Delaunay par Dominique Desanti
Ainsi, Sonia laisse éclater sa période fauve a travers des couleurs vives comme nous pouvons le voir avec « jeune fille endormie » 1907 huile sur toile 46 x 55cm et « Nu jaune » 1908 huile sur toile 65 x 98 cm
Mais Sonia trouve que les Fauves ne vont pas assez loin. Elle prend des leçons de gravures et rencontre le collectionneur et galeriste allemand : Wilhelm Uhde. Elle donne sa première exposition a la galerie de ce dernier et décide même de faire un mariage blanc avec lui. Le mariage a lieu a Londres le 5 décembre 1908.
Elle commence ses premières « tapisseries-broderies » et rencontre Robert Delaunay, Picasso, Derain, et Braque.
« Au dernier quart du siècle, Sonia prétendra avoir parfois entrevu Robert Delaunay a la galerie de Uhde … elle connait ses toiles, et mieux encore le portrait de Wilhelm. Robert va aux mêmes salons, expositions, vernissages … » Passage du livre : Sonia Delaunay par Dominique Desanti
Sonia se sépare de Wilhelm Uhde. En novembre 1910 , elle épouse Robert Delaunay. Et le 8 janvier 1911, elle accouche dans son lit au 3 rue des grands Augustins. Elle met au monde un garçon : Charles.
L’année de naissance de Charles, Sonia réalise sa première oeuvre abstraite avec du textile. Elle réalise une couverture pour Charles. C’est un assemblage de coupons de différentes couleurs.
La naissance de Charles n’empêche pas le couple Delaunay de créer.
« Nous nous sommes aimés dans l’art comme d’autres couples se sont unis dans la foi, dans le crime, dans l’alcool, dans l’ambition politique. La passion de peindre a été notre lien principal » Sonia Delauay
Robert travaille sur « la peinture pure ». Il rédige alors le texte manifeste la lumière. Sonia quand a elle peint ses premières toiles de contrastes simultanés.
Apollinaire leur présente Blaise Cendrars. Ce dernier devient leur ami, déjeune chez eux presque tous les jours. Blaise « faisait partie de notre groupe, et notre groupe faisait partie de lui. Sa vie était poésie, il la vivait comme Delaunay et moi notre peinture ».
Cendrars, c’est a Sonia qu’il parle. Et comme ses poèmes jaillissent de sa vie il la raconte en mots très semblables sans doute a ceux de la « prose du transsibérien »
Dès que Sonia lit la « prose du transsibérien », elle voit devant elle les mots, et elle propose a Blaise :
« Créons un livre qui se déplie jusqu’a 2 mètres de haut ? Chaque fois nous choisirions les caractères typographiques. Un caractère c’est une forme : il modifie le mot et la disposition, les couleurs. Je ne veux pas, ce poème, le décorer, mais le transposer en couleur, lui donner ses vibrations. Qu’il soit simultané : Poésie et peinture » Passage du livre : Sonia Delaunay par Dominique Desanti
Sonia réalise donc une première reliure peinte qui servira de point de départ au premier livre simultané, et qui bénéficie d’un large écho en 1913.
En 1914, elle peint les prismes électriques, huile sur toile de 250 x 250cm.
En parallèle, le couple mène une vie d’artiste qui les mène a se rendre tous les jeudi au bal Bullier.
Sonia en fera d’ailleurs un tableau. Elle est prise par « son Bal Bullier ». Elle peint dans un premier temps une « huile sur toile a matelas » ou les courbes des corps étincelants, couples reconnaissables, pâmes dans l’étreinte d’une tango, jaunes et rouges, verts et bleus avec les disques des projecteurs.
C’est au bal Bullier que Sonia porte ses premières robes simultanées et Robert un costume du même style. Ses robes vont connaîtres un engouement à partir de 1923.
Ils vont par la suite en Espagne, puis au Portugal. Sonia est éblouis par les couleurs et développe les applications décoratives de l’art simultané.
Sonia rencontre Serge de Diaghilev (créateur des Ballets russes). Ce dernier décide de reprendre le ballet Cléopatre. Il souhaite de la couleur. Et pour ça, il fait appel aux Delaunay. Le couple propose des peintures multicolores allant jusqu’aux voiles portés par Cléopatre.
En 1919, Sonia refait la décoration du petit casino de Madrid.
Après son retour à Paris en 1920, c’est surtout vers la mode qu’elle va appliquer le résultat de ses recherches en peinture.
La grande aventure des robes de Sonia commence donc en 1923. Comblée de commandes, elle élabore un style d’ensemble.
« Sonia s’amuse. Ses robes, vastes, rectangles, aux manches flottantes, peuvent s’adapter a la silhouette. Elle les taille dans ses tissus imprimés de grands rectangles qui se suivent de biais, violets et verts cernés de noir. Sonia porte une robe droite a petites manches avec une bande de losanges, la jupe froncée en bas des hanches. Elle se perche sur d’immenses talons. Robert triomphe. Sonia Delaunay - Simultanés devient une entreprise " Passage du livre : Sonia Delaunay par Dominique Desanti
Plus rien n’arrête Sonia. En 1924, elle crée une Bugatti simultanée : La Bugatti type 35. En 1927, elle donne une conférence à la Sorbonne, a la section Art plastique. Le but étant de développer la notion de forme géométrique dans le vêtement.
En 1938, elle réalise, la porte monumentale du premier « Salon d’art mural » et dont les motifs s’apparentent déjà a l’art cinétique.
Robert, décède le 25 octobre 1941. Sonia souhaite rendre hommage au travail de Robert, qui selon elle n’a pas été apprécié q sa juste valeur.
Puis elle fera en sorte de reconquérir Paris. Elle exposera dès 1945 a la galerie René Drouin.
« Désormais, elle peut penser a son oeuvre. Jusqu’a lors, elle avait surtout exposé avec Robert et en groupe … les autres … elle les stupéfie par sa rivalité : travail constant expositions multipliées, élégance plus luxueuse a mesure qu’elle monte. Plutôt qu’elle ne les descend, les marches du septuagénaire … Depuis 1964 et l’exposition de la donation Delaunay au Louvre. 58 oeuvres de Sonia, 49 de Robert, Pierre Gimpel directeur de galerie et historien de l’art, désire que Sonia conquière Londres » Passage du livre : Sonia Delaunay par Dominique Desanti
Ainsi, en 1964 elle peut physiquement toucher sa gloire : Sonia Delaunay est la première femme a avoir eu de son vivant, une rétrospective au musée du Louvre. Bien que son art soit parfois confondu avec celui de Robert.
Cette grande et talentueuse artiste décède le 5 décembre 1979.
« Enigmatique Sonia ? Elle avouait ne livrer sa vraie nature, sa vraie violence que dans son oeuvre. Mais elle prit pour devise qu’on fait tout par amour. L’amour total, elle l’adonné a l’homme qui traça le chemin de leur art. L’art pour Sonia, c’est le vin de la vie et elle s’en est risée. Sonia Delaunay demeure dans les couleurs de l’art en ciel. Magique magicienne » Passage du livre : Sonia Delaunay par Dominique Desanti